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Yémen : des manifestants blessés par des partisans du président Saleh

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters, le 15 avril 2011

Plusieurs villes du Yémen sont le théâtre de manifestations de l'opposition au président Saleh vendredi 15 avril. Des centaines de milliers de manifestants hostiles au régime ont défilé à Sanaa et dans les villes d'Aden et de Taëz, dans le sud du pays.

A Taëz, deuxième grande ville du Yémen à 200 km au sud de Sanaa, des protestataires ont été ciblés par des tirs de partisans armés du régime qui défilaient : huit d'entre eux ont été blessés.

Des heurts ont également été signalés sur la principale avenue de Taëz lorsque des manifestants ont tenté d'empêcher des partisans de M. Saleh de se rassembler pour la prière musulmane du vendredi.

A Sanaa, la capitale, ce sont les partisans du chef de l'Etat qui ont organisé une contre-manifestation. Les forces de sécurité se sont déployées en nombre et ont procédé à des fouilles systématiques des manifestants qui se rendaient sur les lieux de rassemblement des partisans de M. Saleh. Des militaires, ralliés à la contestation, ont également contrôlé minutieusement les accès de la place du Changement, près de l'université de Sanaa, où les jeunes protestataires campent depuis le 21 février pour exiger le départ du chef de l'Etat.

Plus tôt, devant une foule de fidèles, le président Saleh a balayé d'un revers de main les appels à sa démission en assurant au peuple qu'il représentait "la légitimité constitutionnelle". Il a appelé l'opposition, qui continue de réclamer son départ immédiat du pouvoir, à engager le dialogue pour préserver la stabilité dans le pays. "Nous invitons l'opposition à écouter sa conscience et à venir dialoguer et conclure un accord pour la sécurité et la stabilité du pays", a dit le président yéménite lors d'un discours prononcé devant des milliers de partisans.

M. Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans, est chahuté par la rue depuis fin janvier. Les manifestations contre son régime ont déjà fait plus de cent morts.

DES DIGNITAIRES METTENT EN GARDE LE PRÉSIDENT SALEH

La rue a reçu vendredi le soutien de certaines personnalités influentes du pays. Des dignitaires religieux et des chefs tribaux reconnus yéménites ont ainsi appelé au départ "immédiat" du président Saleh. "Le président de la République doit répondre aux revendications de la révolte pacifique des jeunes, et en premier lieu son départ immédiat et celui de tous ses proches des organes militaires et de sécurité" qu'ils dirigent, précise un communiqué publié au terme d'une réunion jeudi à Sanaa. Les participants à cette réunion ont averti que si le président ne se démettait pas "rapidement", ils "prendraient la tête des manifestations et des sit-in dans l'ensemble des provinces" du pays.