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La charia instaurée dans la vallée de la Swat au Pakistan

 
  Manifestation "pour la paix" dans la vallée de Swat

AP, le 18 février 2009

Des centaines de personnes ont manifesté mercredi à Mingora, chef-lieu de la vallée de Swat, en soutien à l'accord prévoyant l'application de la loi islamique en échange de la paix dans cette région himalayenne, autrefois haut-lieu du tourisme au Pakistan.

Les manifestants défilaient à l'appel du négociateur de cet accord, le vieux maulana pro-taliban Sufi Muhammad, qui est également le beau-père du chef des talibans de la vallée, le maulana Fzalullah.

L'OTAN, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont manifesté leur scepticisme, voire leur inquiétude au sujet de cet accord, qui prévoit l'instauration de la charia et l'arrêt de l'offensive des forces d'Islamabad dans cette région désormais largement sous le contrôle des talibans. L'OTAN, qui a à ce jour 55.000 hommes de l'autre côté de la frontière, en Afghanistan, s'est dit "inquiet" de cet accord, qui risque de transformer la vallée de Swat en "refuge sécurisé" pour les extrémistes, selon son porte-parole James Apparthurai.

Selon le ministre pakistanais de l'Information Sherry Rehman, aucun accord ne sera définitif "tant que la paix n'aura pas été restaurée dans la région".

Le gouvernement régional de la Province de la Frontière du Nord-ouest (NWFP) a signé lundi l'accord avec Sufi Muhammad, ce dernier acceptant de lancer une médiation auprès de Fazlullah en échange de la promesse d'introduction de la charia dans la vallée de Swat.

Mercredi, Sufi Muhammad et ses partisans ont défilé dans Mingora, brandissant des drapeaux noirs et blancs, aux couleurs des talibans et de la paix, sous les vivats des habitants qui criaient: "Dieu est grand, nous voulons la paix!".

Sufi Muhammad avait été arrêté en 2002 après avoir envoyé des milliers de volontaires combattre les Occidentaux en Afghanistan, mais a été libéré l'année dernière en échange de sa renonciation à la violence. On ne sait pas exactement quel est son degré d'influence sur Fazlullah, ni quand il compte ouvrir ce dialogue avec son gendre, qui a annoncé un cessez-le-feu unilatéral. "Nous leurs demanderons de déposer les armes. Nous pensons qu'ils ne nous laisseront pas tomber", déclarait-il mardi.

Un accord similaire passé l'année dernière dans la vallée de Swat avait échoué au bout de quelques mois, et a été mis en cause, comme ayant en fait offert aux insurgés du temps pour reconstituer leurs forces.

Les talibans de Fazlullah seraient environ 2.000 et font la loi dans la vallée. Ils ont déjà instauré leurs propre justice extrémiste, assassinent les opposants, décapitent les collaborateurs présumés et brûlent les écoles accueillant des filles.

La charia instaurée dans la vallée de la Swat au Pakistan

Reuters, le 16 février 2009

Le gouvernement pakistanais a accepté lundi l'instauration de la loi islamique dans la vallée de la Swat, dans le nord-ouest du pays, dans l'espoir d'y endiguer la montée en puissance des taliban.

Depuis fin 2007, des activistes combattent les forces gouvernementales pour rétablir la charia dans cette vallée montagneuse, située au nord de Peshawar et désormais passée sous le contrôle des insurgés.

Les rebelles islamistes de la vallée avaient annoncé dimanche un cessez-le-feu de dix jours dans l'espoir d'obtenir du gouvernement cette concession, qui risque de provoquer la réprobation des Etats-Unis et d'autres puissances occidentales.

L'accord a été scellé lors d'une rencontre lundi à Peshawar entre les représentants du religieux radical Maulana Sufi Mohammad et ceux du gouvernement de la province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP).

"Après des négociations fructueuses, toutes les lois non islamiques liées au système judiciaire et celles allant à l'encontre du Coran et de la Sunna seront annulées et considérées comme nulles et non avenues", a déclaré dans un communiqué un porte-parole du gouvernement de la NWFP.

Il a ajouté que le président pakistanais Asif Ali Zardari avait accepté par avance le principe de cette concession aux religieux conservateurs.

Pour tenter de ramener le calme dans la vallée, Islamabad a libéré l'an dernier Sufi Mohammad, qui avait pris la tête d'un soulèvement dans la vallée pendant les années 1990. Les combats, désormais conduits par son gendre Maulana Fazlullah, se sont toutefois poursuivis, faisant des dizaines de milliers de déplacés.

DIVISER LES INSURGÉS

Selon le porte-parole du gouvernement provincial, le cadre légal pour l'application des lois islamiques est déjà en place. À l'avenir, les procès seront menés en fonction des préceptes islamiques dans la région de Malakand, qui inclut les districts de Swat, de Kohistan et de Hazara, a-t-il ajouté.

Lors d'une conférence de presse, Amir Haider Khan Hoti, ministre principal de la NWFP, a néanmoins déclaré qu'aucun nouveau tribunal ne serait mis en place et que les présidents des cours existantes ne seraient pas forcément des clercs islamiques. Il a démenti que le gouvernement ait cédé sous la pression des activistes.

En autorisant le rétablissement de la charia, Islamabad espère pouvoir diviser les mouvements actifs dans la région et distendre les liens entre les insurgés de la Swat et Al Qaïda.

Certains analystes doutent toutefois que Maulana Sufi Mohammad soit capable d'imposer l'arrêt des combats à son gendre Fazlullah, qui a noué d'étroits contacts avec d'autres taliban pakistanais et Al Qaïda.

La vallée de la Swat était l'une des destinations touristiques les plus prisées du Pakistan jusqu'à la reprise des combats en 2007. Les insurgés y ont détruit plus de 200 écoles pour filles.

   

 

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