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Eclaircie pour les sans-papiers lillois


 

Sans-papiers lillois: la situation s'enlise après 2 mois de grève de la faim

AFP, le 16 août 2007

Au lendemain du rejet par le comité de soutien aux sans-papiers du Nord du plan de "sortie de crise" proposé par la préfecture, la situation s'enlise à Lille où quelque 50 clandestins sont en grève de la faim, dont beaucoup depuis deux mois.

Mardi, le préfet Daniel Canépa a proposé un dispositif prévoyant le réexamen des dossiers de 150 sans-papiers - dont les grévistes de la faim -, la délivrance dès le dépôt de la liste d'un document leur permettant de circuler librement et la remise immédiate d'un titre provisoire pour ceux qui seront régularisés.

Signé par six associations humanitaires, dont Emmaüs, l'accord impose un préalable non négociable, a souligné M. Canépa: l'arrêt de la grève de la faim.

Jugeant ces propositions "irrecevables", le comité de soutien aux sans-papiers (CSP-59) et les associations "historiques" les accompagnant - le Mrap et la Ligue des droits de l'Homme - les ont immédiatement rejetées.

Le CSP réclame la régularisation de tous les grévistes, ainsi que celle de quelque 500 autres sans-papiers dans le cadre d'un accord passé en 2004 avec la préfecture.

"Les associations (signataires) (...) ne sont représentatives de rien du tout, n'ont aucune crédibilité, aucune légitimité", a affirmé le CSP-59, en fustigeant leur "trahison".

D'après Anne Sortino, un des soutiens du mouvement, "le préfet essaie de les utiliser" pour qu'elles convainquent les sans-papiers d'arrêter leur grève de la faim, car cela "commençait à faire désordre". Après cette "première cartouche", le préfet en a sorti "une deuxième", les "expulsions, pour intimider les grévistes", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Deux Guinéens, interpellés le 1er août à Lille avec quelque 120 personnes, ont été reconduits mercredi vers leur pays d'origine. D'après le CSP, ils ont été "bastonnés, menottés par les jambes et les pieds et attachés aux sièges comme des bêtes" dans l'avion.

Sept autres sans-papiers lillois se trouvaient au centre de rétention de Roissy (Val-d'Oise) en vue d'une prochaine expulsion.

Sur les quelque 120 personnes arrêtées, 86 sans-papiers avaient été placés en rétention, mais au moins 72 ont ensuite été remis en liberté par des juges des libertés et de la détention (JLD).

La justice administrative examine depuis la semaine dernière les demandes d'annulation de leur reconduite à la frontière et a déjà rejeté plusieurs recours.

Une cinquantaine de sans-papiers poursuivaient jeudi leur grève de la faim tandis que leur bras de fer avec la préfecture se durcissait.

Allongés dans des sacs de couchage devant des hôpitaux de la métropole ou une station de métro à Lille, ils affirment ne s'alimenter que d'eau sucrée et de café, de nombreux depuis le 15 juin. Régulièrement hospitalisés, ils sont renvoyés dans la rue au bout de quelques jours s'ils refusent les perfusions, selon le CSP.

Les grévistes ont reçu jeudi la visite de la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, qui a souligné "la nécessité de résoudre très rapidement la situation" alors que l'état de santé de certains d'entre eux devient "critique". Le PS, le PCF et les Verts du Nord avaient déjà demandé la nomination d'un médiateur, ce que le préfet a refusé.

Souffrant de douleurs au coeur, Sanoussi Touré, un Guinéen de 21 ans allongé à la station de métro Calmette, se dit prêt à continuer "jusqu'au bout". "Je n'ai pas le choix", a-t-il confié à l'AFP.

 

   
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