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Premières exécutions en Iran pour les heurts de juin

Reuters, le 28 janvier 2010

L'Iran a exécuté jeudi par pendaison deux personnes condamnées pour des violences post-électorales après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin, rapporte la presse iranienne.

Il s'agit des premières exécutions depuis la condamnation de onze personnes à la peine capitale après les événements de juin, et d'une probable source de tensions accrues dans la perspective de nouveaux rassemblements de l'opposition.

Les autorités n'ont pas commenté cette information. Sur internet, des messages circulent au sujet de récents appels à manifester le 11 février, jour du 31e anniversaire de la Révolution islamique.

La contestation dans la rue du scrutin du 12 juin a provoqué une violente répression et entraîné la crise la plus grave traversée par le régime depuis son instauration en 1979.

D'autres manifestations ont eu lieu depuis, dont certaines lors de la fête de l'Achoura le 27 décembre, au cours desquelles huit personnes ont été tuées.

Comme neuf autres personnes, les deux hommes exécutés avaient été condamnés à mort en août pour avoir mené une guerre contre Dieu, tenté de renverser l'ordre islamique et pour leur appartenance à des groupes armés, écrit l'agence Isna.

"A la suite des émeutes et des mesures anti-révolutionnaires des derniers mois (...) une branche du tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran a examiné le cas de plusieurs accusés et a prononcé un verdict d'exécution contre onze d'entre eux", rapporte l'agence officielle des étudiants.

"La sentence contre deux d'entre eux a été appliquée aujourd'hui à l'aube et les accusés ont été pendus", ajoute Isna, précisant que le jugement avait été confirmé en appel.

Selon l'agence, ils se nommaient Mohammad Reza Alizamani et Arash Rahmanipour.

"Les condamnations pour les neuf autres accusés (...) sont toujours en appel pour confirmation. Des mesures seront prises pour appliquer la sentence", écrit encore l'agence.

"PEUR ET INTIMIDATION"

L'avocat de Rahmanipour a affirmé que son client, âgé de 19 ans, avait été arrêté avant l'élection présidentielle du 12 juin et a dénoncé des inculpations "politiques" ayant abouti à un verdict "illégal et injuste".

"Une exécution avec cette célérité et cette précipitation n'a qu'une explication (...) le gouvernement essaie d'empêcher par la peur et l'intimidation l'expansion du mouvement actuel" d'opposition, a dit l'avocat, Me Nasrin Sotoudeh.

Selon Isna, les deux hommes étaient accusés d'être membres de mouvements contre-révolutionnaires, dont un groupe monarchiste que l'Iran dit soutenu par ses ennemis occidentaux. Press TV rapporte qu'il s'agit de l'Assemblée du royaume d'Iran, à laquelle est imputé un attentat dans une mosquée en 2008.

A en croire la chaîne officielle Irib, Rahmanipour avait reconnu devant le tribunal être lié à des pays occidentaux et avoir été entraîné pour créer des troubles durant l'élection.

"Deux semaines avant l'élection nous avions pour mission de placer des bombes dans divers endroits et nous avons reçu l'ordre de mener des actions terroristes le jour de l'élection", avait-il dit selon des propos rapportés par Irib.

L'opposition a toujours contesté la légalité de l'élection remportée par l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Dans une interview au Financial Times publiée jeudi, Mehdi Karoubi, l'une des figures de l'opposition, prédit que Mahmoud Ahmadinejad ne finira pas son second mandat de quatre ans.

"Compte tenu des problèmes économiques et politiques, et sans parler d'une politique extérieure controversée, je suis personnellement convaincu que M. Ahmadinejad ne pourra pas terminer son mandat", dit-il.

Mais s'il détaille plusieurs options possibles pour limiter le pouvoir d'Ahmadinejad, il se dit "persuadé qu'il ne changera pas de comportement".

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