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  Turquie : des juristes critiquent l'enquête sur des putschistes présumés

AFP, le 8 janvier 2009

ANKARA - La vaste enquête en cours sur un présumé réseau accusé de vouloir renverser le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir en Turquie est devenu un instrument pour museler l'opposition, ont affirmé des juristes turcs jeudi, au lendemain d'un nouveau coup de filet.

"Nous sommes très inquiets à propos de l'enquête qui est pratiquement menée dans un esprit de vengeance" à l'égard des opposants au gouvernement, a déclaré le bâtonnier d'Istanbul Muammer Aydin au cours d'une conférence de presse.

"L'objectif (de l'enquête) est de créer une atmosphère de peur avec ces arrestations et d'intimider l'opinion publique", a-t-il estimé, demandant que l'enquête ouverte il y a plus d'un an soit bouclée le plus rapidement possible.

La colère de Me Aydin intervient au lendemain d'une quarantaine de nouvelles arrestations dans le cadre de l'affaire "Ergenekon", prétendu réseau constitué en grande majorité de personnalités laïques. Le groupe chercherait à renverser le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir depuis 2002.

Parmi les suspects interpellés figurent des universitaires, trois ex-généraux dont Tuncer Kilinç, ancien secrétaire général du Conseil national de sécurité, et plusieurs autres officiers, actifs ou à la retraite.

L'appartement à Ankara de l'ancien procureur de la Cour de cassation, Sabih Kanadoglu, fervent défenseur de la laïcité et personnalité hautement respectée par les juristes, a également été fouillé, mais celui-ci n'a pas été interpellé.

Le chef de l'opposition au Parlement, Deniz Baykal, a dénoncé mercredi "une politique péroniste" du gouvernement, affirmant que la république était en danger.

Nombreux sont ceux qui pensent que l'AKP se sert de cette enquête pour prendre sa revanche sur ses opposants politiques.

Mais le ministre de la justice Mehmet Ali Sahin a démenti ces accusations, évoquant "une enquête purement juridique et non politique".

Les principaux commandants de l'armée, qui a démis quatre gouvernements élus au cours des cinquante dernières années, ont eu une réunion de six heures mercredi soir après cette nouvelle vague d'arrestations qui a attisé les tensions en Turquie entre laïcs et partisans du gouvernement.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le chef d'état-major, le général Ilker Basbug, se sont retrouvés jeudi pour un entretien qui n'avait pas été annoncé auparavant.

Le procès de 86 personnes - des officiers à la retraite, des journalistes, des hommes politiques, des figures de la pègre- accusées d'avoir voulu déstabiliser le pays par des actions violentes afin de préparer le terrain à un coup d'Etat militaire a débuté en octobre près d'Istanbul.

 

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