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La liberté de la presse dans un état "déplorable" en Tunisie, selon le président du syndicat des journalistes

AP, le 4 mai 2009

 

Le président du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Boughouri, a qualifié lundi de "déplorable" l'état de la liberté de la presse en Tunisie, lors d'une conférence de presse émaillée de troubles sans précédent.

Selon M. Boughouri, qui présentait le rapport annuel du syndicat, à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, la situation de la profession en Tunisie représente un motif de "grande préoccupation".

Il a fait état de "harcèlements" auxquels se heurtent les médias et journalistes, en mentionnant des cas de saisie de journaux de l'opposition, de censure et de verrouillage.

Il a par ailleurs dénoncé les "atteintes à l'éthique professionnelle" relevées dans certains journaux, qui mènent des "campagnes de diffamation contre des personnalités de la société civile pour avoir exprimé des opinions divergentes".

Le rapport, contesté par des membres de commissions relevant du syndicat et accusés d'être "manipulés par le ministère de tutelle", déplore, par ailleurs, que les médias publics aient "enclenché comme d'habitude une campagne prématurée, en dehors des délais légaux" en vue des élections présidentielle et législatives prévues en octobre prochain.

Le rapport appelle à des "révisions radicales" du Code de la presse pour le débarrasser de son "caractère répressif" et de "nombre de dispositions qui limitent la liberté et entravent la profession".

Il souligne également "les difficultés énormes" auxquelles sont confrontés les journalistes pour accéder à l'information et regrette l'absence de lois et de mesures garantissant ce droit.

Tout en notant "l'existence de certains textes légaux pour protéger le journaliste au plan professionnel et matériel, mais qui sont restés lettre morte", le rapport suggère l'instauration de "mécanismes légaux et pratiques pour assurer l'immunité du journaliste et sa protection durant l'accomplissement de son devoir".

La conférence de presse, qui s'est terminée en queue de poisson, a donné lieu à des règlements de comptes entre des membres du bureau exécutif du SNJT et leurs détracteurs, qui ont failli en venir aux mains devant une assistance médusée: se disant victime de "provocation", un journaliste membre de la commission d'éthique s'est rué sur le président du syndicat.

Récemment, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali avait affiché sa volonté de "consacrer le droit à la liberté d'informer", tout en soulignant que la mission des médias devait se situer dans le cadre "des valeurs de la loyauté, de la sincérité et de la franchise" et ne pas porter "atteinte à l'honneur des gens".

Il avait plaidé pour une information "en phase avec les préoccupations et les pôles d'intérêt des citoyens" et "une critique loyale qui tend à la recherche de la vérité".