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Des roms de Saint-Denis accusent la police d'avoir dépassé les limites
 


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Le 9 janvier 2007 - SAINT -DENIS (AFP)

Pistolets braqués "sur la tempe d'enfants", policier posant pour une photo "le pied sur un homme à terre": des roms de Saint-Denis se sont plaints, soutenus par des élus, d'une intervention policière "violente" et "humiliante" dans leur camp vendredi.

Cette opération de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis a déclenché l'indignation des élus du secteur, dont le député communiste Patrick Braouezec qui a annoncé son intention de saisir la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS).

De son côté, la police judiciaire a annoncé mardi son intention de déposer plainte mercredi pour "diffamation" auprès du parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à la suite de ces affirmations.

Lundi, ce parquet avait précisé que les éléments qui lui ont été communiqués par la police "ne faisaient état d'aucune difficulté particulière" lors de l'opération de la PJ qui enquêtait sur "un enlèvement". "Le parquet n'a à l'heure actuelle pas été avisé d'autres éléments qui justifieraient l'ouverture d'une enquête", a-t-on précisé de source judiciaire. "Si ce que racontent ces personnes s'est réellement passé, on n'est plus dans une police de la République, c'est inadmissible", a commenté mardi M. Braouezec depuis le campement du Hanul. Ce bidonville de vieilles caravanes et cabanons de bois installé depuis plusieurs années sous l'autoroute A 86, près du Stade de France, abrite entre 100 et 250 personnes, selon les périodes.

"Avec de tels comportements que rien ne justifie, on ajoute de l'indignité à l'extrême précarité de ces habitants", a déclaré le maire de Saint-Denis, Didier Paillard (PCF), dont les services ont recueilli vendredi et samedi des témoignages d'habitants affirmant avoir été "traités comme des animaux".

Le "responsable" du camp, Misa, a raconté mardi à l'AFP qu'une cinquantaine de policiers, dont des civils, ont débarqué vendredi matin dans le camp. Ils ont alors, selon lui, "détruit des caravanes, tiré les gens dehors, enfants compris, et couché tout le monde à l'entrée du camp sur le sol mouillé". Aux journalistes, il a montré les bris de verre encore visibles. "On est restés 3 heures comme ça, certains n'étaient pas habillés, sans chaussures", poursuit-il en rapportant une scène "particulièrement humiliante" : "un policier a fait tomber à terre un homme pour l'allonger, a mis son pied sur sa tête et a levé les bras pendant qu'un autre policier le photographiait avec son téléphone portable". Le chef du camp a affirmé que "des policiers ont braqué leur pistolet sur la tête d'enfants, en rigolant".

Au cours de l'opération, une voiture a été saisie et deux hommes ont été interpellés puis relâchés au bout d'une demi-journée, selon les roms. D'ordinaire assez résignés face aux opérations de police dans leur camp (4 selon eux en 2006), les habitants apparaissaient cette fois très remontés, insistant sur le fait que "les enfants ont été traités comme des adultes".

Pour autant, ils n'envisagent pas d'aller porter plainte à la police, par "peur" d'être expulsés dans la foulée. "Quel pouvoir on a, nous, face à la police, qui va nous croire ?", se désespérait une femme d'une trentaine d'années.

 

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