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Aide aux sans-papiers : "Il faut user du droit à transgresser"

  LEMONDE.FR, le 5 mai 2009

Eric Besson, ministre de l'immigration et de l'identité nationale, avait été clair sur la question : pour lui, le "délit de solidarité" , tel que le qualifient les associations d'aide aux sans-papiers, est un "mythe" . Pas pour le PS, qui a déposé une proposition de loi visant à modifier l' article 662-1 du code d'entrée et de séjour des étrangers et du droit d'asile selon lequel, "toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d'un étranger en France sera punie d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 30 000 euros" .

Sans surprise, la proposition de loi socialiste a été rejetée, mardi 5 mai, par l'Assemblée nationale. Mais de son côté, la société civile se mobilise sur la question : plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées, le 8 avril, dans quatre-vingts villes de France pour dénoncer ce "délit de solidarité" . Autre initiative : celle du journal Siné Hebdo qui vient de lancer un "Manifeste des 144" , à paraître dans son édition de mercredi. A l'initiative de l'humoriste Guy Bedos , du philosophe Michel Onfray , cent quarante quatre personnalités ont signé un texte réclamant l'abrogation de cette "loi qui criminalise l'entraide" . Ces personnes publiques – dont Isabelle Adjani , Raymond Aubrac , Jean-Yves Lafesse , Gisèle Halimi ou Lilian Thuram – affirment "avoir aidé des sans-papiers ou être prêts à le faire" et demandent "purement et simplement" l'abrogation de l'article incriminé.

LA "PATHOLOGIE DE L'OBÉISSANCE"

"Ce qui est légal peut être immoral, l'histoire de France l'a déjà prouvé" , justifient les "144". Parmi eux, le médecin Boris Cyrulnik , surtout connu pour ses travaux sur la résilience, qui se sent personnellement touché par la question. Né dans une famille juive en 1937, M. Cyrulnik ne doit son salut qu'au courage d'une poignée citoyens qui l'ont caché pendant la seconde guerre mondiale. "Si les gens avaient respecté la loi, je serais probablement mort. Je dois ma vie a des gens qui n'ont pas respecté la loi de Vichy" , explique-t-il. Il s'est donc joint à l'appel pour, entre autres, mettre en garde contre les dérives éventuelles d'une telle loi et le risque de tomber dans une "pathologie de l'obéissance" . "Il faut user du droit à transgresser" , ajoute-t-il.

L'article 662-1 "ne présente pas un risque au niveau de la population, il ne mènera pas au fascime" , reconnaît cependant M. Cyrulnik. "Mais individuellement, cela a déjà mené à des dérives" , rappelle-t-il. " Des amis à moi ont été embêtés, pénalisés pour avoir aidé des gens en difficulté dont le seul crime était d'être étranger. " "Je serais malheureux et honteux de ne pas aider des gens qui meurent à côté de moi alors qu'ils n'ont commis aucun crime" , raconte M. Cyrulnik, membre du comité de parrainage de la coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence .

Par ailleurs, il estime que l'intérêt économique de la France entre en ligne de compte et regrette qu' "on ne puisse pas aider ces gens qui n'émigrent que parce qu'ils espèrent travailler".



   
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