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3,5 millions de personnes touchées en France par le mal-logement

Le Point, le 3 février 2009

L'actuelle crise immobilière, qui s'accompagne d'un ralentissement de la construction, pourrait aggraver une crise du logement déjà conséquente. C'est le constat qui ressort du rapport 2009 de la Fondation Abbé-Pierre publié mardi. D'après elle, la crise immobilière va avoir de lourdes conséquences sur la résorption du déficit de logements, qui devrait passer de 800.000 à 900.000 logements à la fin de l'année 2009.

La fondation évalue à 3.498.800 le nombre de personnes connaissant "une problématique forte de mal-logement". Parmi elles, 2,044 millions vivent dans "des conditions de logement très difficiles" et 861.000 sont en situation d'occupation précaire. Elle critique vigoureusement les mesures prises en décembre par Nicolas Sarkozy dans le cadre du plan de relance : un programme de construction de 70.000 logements supplémentaires sur 2009-2010 qui s'ajoutent aux 30.000 logements que les organismes HLM doivent racheter à des promoteurs privés. Faisant valoir que ces 100.000 logements supplémentaires comporteront moins de 50 % de véritables logements sociaux, la fondation dénonce "le développement d'une offre totalement décalée par rapport à une demande sociale qui elle-même continue à se fragiliser".

Dans son tableau du "mal-logement" qui sert souvent de référence, la fondation donne toujours le chiffre de 100.000 sans domicile fixe basé sur une étude de l'Insee de 2001. "Une fourchette basse", précise la fondation. La Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars), qui a organisé à l'automne 2007 une "conférence de consensus" sur le sujet, évoquait le chiffre de 200.000. La Fondation Abbé-Pierre évalue à 6.617.000 le nombre total des personnes "en situation de réelle fragilité à court ou moyen terme", avec, parmi elles, les personnes en situation de précarité pour impayés de loyers (1.412.000) ou celles vivant en situation de surpeuplement (3.507.000).


Les demandes d'HLM explosent

En outre, en dépit d'un niveau de construction jamais atteint depuis vingt ans - 425.000 mises en chantier en 2007 -, la fondation déplore la faiblesse des produits nouveaux destinés aux ménages défavorisés. De même, la progression globale des logements sociaux financés depuis 2004 tient essentiellement à l'augmentation de l'offre locative intermédiaire (PLS), inaccessible aux ménages les plus modestes. Le rapport pointe "la déformation de la structure de la construction".

En effet, la construction sous plafond de ressources et/ou de loyers représente actuellement 40 % des logements produits, contre 67 % en 2000. La part des dépenses engagées par la collectivité publique en faveur du logement est en recul - 1,79 % du PIB en 2008 -, soit son niveau le plus bas depuis 30 ans, un recul essentiellement imputable à la diminution de la contribution de l'État, passée de 1,36 % du PIB en 2000 à 1,1 % en 2008, souligne par ailleurs la fondation dans son "tableau de bord" du suivi des politiques du logement.

Alors que la demande HLM n'a jamais été aussi importante, le taux de mobilité dans ce parc de logements s'est par ailleurs réduit : de 12,4 % en 1998, il se situe depuis 2005 sous la barre des 10 %. Ce chiffre n'est pas surprenant puisque le loyer moyen du secteur privé était presque 2 fois supérieur au loyer HLM au 1er janvier 2007. La fondation souligne aussi le "blocage de la mobilité résidentielle" et la "spécialisation" des 750 zones urbaines sensibles (ZUS) dans l'accueil des immigrés (18 % contre 7,5 % pour l'ensemble de la population) et des ménages pauvres (27 %, soit 3 fois plus que dans le reste de l'espace urbain). La fondation met également l'accent sur la baisse des aides personnelles au logement qui auraient été amputées de 12,5 % depuis 2001.

600.000 personnes âgées vivent avec une allocation de 628 euros

En ce qui concerne le Droit au logement opposable (Dalo), "une loi ambitieuse dans son principe", le rapport note des effets "incertains" après une première année d'application : alors que le nombre des recours ne s'est élevé qu'à environ 55.000 contre 600.000 attendus, la fondation met en garde contre un déficit d'information auprès des personnes concernées et une application restrictive de la loi. Pour les successeurs de l'Abbé Pierre, la politique du logement apparaît "incertaine et incohérente, écartelée entre des exigences diverses" : promotion de l'accession à la propriété, mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement ou du Droit au logement opposable. Il en ressort, écrit-elle, "un sentiment de brouillage".

Dans son rapport, la fondation s'attaque par ailleurs à plusieurs thématiques comme les "territoires d'exclusion", le droit au logement opposable (Dalo) et le logement des personnes âgées. De ce point de vue, l'étude souligne qu'aujourd'hui, 600.000 personnes âgées vivent avec une allocation de solidarité de 628 euros qui les situent sous le seuil de pauvreté. Après une "parenthèse heureuse", le recul de la pauvreté des plus de 65 ans, enregistré sur la période récente, est aujourd'hui terminé, indique le rapport. La fondation dénonce également la relégation des 4,6 millions de personnes vivant dans les 750 quartiers définis comme ZUS (zone urbaine sensible). Elle pointe ainsi le "blocage de la mobilité résidentielle" et la "spécialisation" des 750 ZUS dans l'accueil des immigrés (18 % contre 7,5 % pour l'ensemble de la population) et des ménages pauvres (27 % soit 3 fois plus que dans le reste de l'espace urbain).



   
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