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Sondage : la plupart des Israéliens opposés au plan de paix arabe

AP, le 16 décembre 2008

Les deux tiers des Palestiniens (66%) souhaitent que les pays arabes reconnaissent Israël en échange du retrait de l'Etat hébreu des Territoires occupés, mais les deux tiers des Israéliens (61%) ne sont pas d'accord, selon un sondage israélo-palestinien publié mardi.

Dans les deux camps en revanche, une majorité se déclare favorable à la prolongation de la trêve entre Israël et le Hamas au pouvoir dans la Bande de Gaza, qui expire vendredi et a été fortement fragilisée ces dernières semaines.

Le retrait contre la reconnaissance est le principe du plan présenté en 2002 par la Ligue arabe et que le président israélien Shimon Pérès et son homologue palestinien Mahmoud Abbas tentent de relancer depuis quelques semaines. Le mois dernier, M. Abbas a fait passer des communiqués dans les journaux israéliens en disant aux lecteurs que les 57 pays arabes et musulmans reconnaîtraient Israël si l'Etat hébreu se retirait de tous les territoires occupés depuis la guerre des Six-jours de 1967.

Selon le sondage, 49% des Israéliens et 57% des Palestiniens espèrent que Barack Obama, qui exercera la présidence des Etats-Unis à partir du 20 janvier, s'impliquera davantage que George W. Bush dans ce dossier.

L'enquête a été réalisée, côté israélien par l'Institut de recherche Harry S. Truman pour le progrès de la paix (Harry S. Truman Research Institute for the Advancement of Peace) de l'université hébraïque de Jérusalem, et côté palestinien par le Centre palestinien pour la recherche et le sondage politique à Ramallah (Cisjordanie). Pour les Israéliens, 600 personnes ont été interrogées et la marge d'erreur est de plus ou moins 4,5 points de pourcentage; pour les Palestiniens, 1.270 personnes ont été interrogées et la marge d'erreur est de plus ou moins 3 points de pourcentage.

Les Gazaouis chassent le stress à coups de calmants

AP, le 16 décembre 2008

Soumis au blocus d' Israël et dans l'impossibilité de sortir de leur petit territoire économiquement sinistré, les habitants de la bande de Gaza sont de plus en plus nombreux à chasser leur stress à l'aide du tramadol, un analgésique loin d'être anodin puisqu'il peut provoquer une dépendance.

L'usage du médicament s'est nettement accru depuis un an et demi dans la bande de Gaza, où les lieux de délassement sont peu nombreux. Le phénomène inquiète les professionnels de la santé, qui mettent en garde contre le risque de dépendance au médicament. Le tramadol est particulièrement populaire chez les hommes jeunes.

"Vous sentez la sérénité dans tout votre corps, une tranquillité absolue", explique Bassem, 27 ans, un consommateur régulier. Comme d'autres personnes interrogées par l'Associated Press, il a refusé de révéler son identité, de peur d'être arrêté pour toxicomanie.

Le tramadol est un opioïde dont les effets s'apparentent, en beaucoup moins forts, à ceux de la morphine et de l'héroïne, souligne Marta Weinstock, professeur de pharmacologie au Centre médical Hadassah à Jérusalem. Les usagers réguliers qui cessent d'en consommer peuvent présenter des symptômes de manque comparables à la grippe, précise-t-elle.

Mis au point par la société allemande Grunenthal dans les années 1970 comme anti-douleur, le tramadol est aujourd'hui commercialisé sous différentes marques dans le monde, comme Zydol, Topalgic, Nobligon ou encore Ultram. Il est vendu sous le nom de Tramal dans la bande de Gaza.

Il ne semble pas qu'il soit utilisé ailleurs qu'à Gaza comme "drogue" récréative. Dyaa Saymah, spécialiste de la santé mentale auprès de l'Organisation mondiale de la santé à Gaza, explique que la popularité du tramadol est liée à son accessibilité.

"Malheureusement le tramadol est disponible aux comptoirs des pharmacies mais aussi dans la rue. On peut facilement l'acheter au marché noir", ajoute-t-il. De grandes quantités entrent illégalement dans le territoire par les tunnels creusés sous la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte.

Il n'y a pas de statistiques sur le nombre d'usagers de tramadol dans l'étroite bande côtière palestinienne. Mais Mazen el-Sakka, du Centre de recherche sur l'usage de stupéfiants à Gaza, estime que jusqu'à 30% des hommes entre 14 et 30 ans en consomment régulièrement dans le territoire. Les femmes sont moins nombreuses à en prendre car elles craignent d'être mal vues.

Le tramadol est apparu il y a environ cinq ans à Gaza, où il a été commercialisé comme un analgésique non-addictif, souligne Hani Saker, membre du conseil d'administration de l'association des pharmaciens de Gaza.

Certains, qui l'ont pris contre la douleur, ont remarqué des effets secondaires inattendus mais appréciés, comme une euphorie modérée et une éjaculation retardée. Le médicament doit également son succès au fait qu'il n'était pas stigmatisé comme le haschich et d'autres drogues, précise M. Saker.

Sa popularité s'est accrue après la prise de contrôle de la bande de Gaza par les islamistes du Hamas en juin 2007, qui a entraîné un isolement du petit territoire par Israël et la communauté internationale à l'origine d'une dégradation des conditions de vie sur place.

Le ministère de la Santé du Hamas a interdit en février la vente du médicament sans ordonnance. Depuis, des stocks de tramadol représentant un montant de 250.000 dollars (180.000 euros) ont été détruits et des pharmacies qui ne respectaient pas l'interdiction ont été fermées, selon Hammam Nasman, porte-parole du ministère.

Mais cela ne change pas grand-chose pour les usagers réguliers comme Bassem, qui prend un ou deux cachets tous les soirs. "Il n'y a pas d'espoir et on cherche n'importe quoi pour se calmer les nerfs. J'ai essayé et ça a marché, alors je continue", explique-t-il, à propos du médicament. Il raconte qu'il achète ses calmants à un ami pharmacien.

D'autres assurent qu'ils renonceraient volontiers au tramadol s'ils avaient un autre moyen de déstresser. "Cela vous empêche de trop penser", souligne Ahmed, 25 ans, qui prend du tramadol plusieurs fois par semaine. "Si nous pouvions voyager et sortir, avoir un endroit où aller et passer du bon temps, nous ne penserions jamais au tramadol."