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Violences en Guinée: au moins 157 morts, selon l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme

AP, le 29/09/2009

Au moins 157 personnes ont été tuées lundi à Conakry lors de la répression par l'armée d'une manifestation de l'opposition dans un stade de la capitale guinéenne, selon un bilan annoncé mardi par l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme, qui fait état par ailleurs de plus de 1.200 blessés.

Le gouvernement a annoncé l'ouverture d'une enquête pour déterminer qui avait donner l'ordre aux soldats d'ouvrir le feu à balles réelles sur les manifestants. Le gouvernement maintient que seules 57 personnes sont mortes, pour la plupart piétinées.

Dans un communiqué diffusé mardi soir le ministère de l'Intérieur qualifie d'"illégale" la manifestation de l'opposition et précise que le président présente ses condoléances aux familles endeuillées.

La France, qui "réitère sa condamnation de cette répression sauvage et sanglante", a annoncé mardi la "suspension immédiate de sa coopération militaire avec la Guinée" et le réexamen de "l'ensemble de son aide bilatérale", selon une déclaration du ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

Les rues de Conakry, où l'on dénombrait de nombreuses voitures calcinées, étaient calmes mardi matin, des soldats patrouillant dans les rues, alors que les habitants restaient terrés chez eux. Un médecin de l'hôpital de Donka, à Conakry, a affirmé qu'il avait vu plus de cent corps à la morgue. L'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme a fait état d'au moins 157 morts. Un reporter de l'Associated Press a vu à l'hôpital Donka plusieurs patients blessés, certains par balles, d'autres portant des traces de coups.

Plus de 50.000 personnes ont participé lundi à la manifestation contre le putsch du capitaine Moussa "Dadis" Camara, arrivé au pouvoir en décembre dernier, quelques heures après la mort du dictateur Lansana Conté. Bien qu'il ait assuré qu'il ne se présenterait pas à l'élection présidentielle, il a récemment souligné qu'il avait le droit de se porter candidat si tel était son choix.

Le capitaine Camara a tenté de prendre ses distances avec cette violente répression en affirmant lundi soir sur les ondes de RFI que les soldats ayant tiré sur la foule avaient "commis ces atrocités" et constituaient "des éléments incontrôlables de l'armée".

L'ancien Premier ministre Sidya Touré, aujourd'hui chef de l'Union des forces républicaines (UFR, opposition), avait été arrêté pendant la manifestation de lundi. Il a été libéré mardi mais a retrouvé son domicile vandalisé.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a reçu des témoignages selon lesquels des éléments des forces de sécurité avaient déshabillé et violé des manifestantes dans les rues. D'autres ont vu des militaires poignarder des civils avec des couteaux ou des baïonnettes.

La communauté internationale a unanimement protesté contre ces agissements. L'Union européenne a condamné la répression contre les manifestants, appelant les autorités "à exercer un maximum de retenue et à assurer une transition pacifique et démocratique" dans le pays, selon le chef de la diplomatie européenne Javier Solana, qui a appelé à la libération immédiate de tous les opposants.

L'Union africaine, qui a suspendu la Guinée de son organisation depuis l'arrivée au pouvoir de Camara, a pour sa part condamné "les tirs sans discernement sur des civils sans armes" et a exhorté les responsables guinéens à respecter la liberté d'expression et de rassemblement.

La France avait condamné lundi "avec la plus grande fermeté la répression violente exercée par l'armée contre les Forces vives de Guinée au cours d'une manifestation pacifique organisée à Conakry". Paris, qui a réitéré mardi sa condamnation, a souligné que "le bilan des massacres et des graves violations des droits de l'homme commis hier (lundi) à Conakry par l'armée guinéenne s'alourdit d'heure en heure".

A la demande de la France, selon le communiqué de M. Kouchner, l'Union européenne se réunira dès mercredi à Bruxelles pour "examiner les mesures complémentaires, notamment individuelles, qui pourraient être prises rapidement". L'UE a "déjà suspendu toute aide non humanitaire à la Guinée".

La France, poursuit le ministre dans son communiqué, "se concerte avec les responsables de l'Union africaines, et ses partenaires au Conseil de sécurité, afin d'envisager les conséquences à tirer des ces événements dramatiques. Nous examinons tous les moyens pour apporter rapidement une assistance médicale aux blessés", conclut-il.


Des dizaines d'opposants tués à Conakry, 2 chefs de l'opposition arrêtés

AFP – 29/09/2009

CONAKRY — Des dizaines de cadavres ont été apportés lundi à la morgue du Centre hospitalier universitaire de Donka, à Conakry, après un rassemblement de l'opposition dispersé dans le sang par les forces de l'ordre, a affirmé à l'AFP un médecin, sous couvert de l'anonymat.

Au moins une dizaine de personnes dont les corps portaient des traces de balles ont été tuées par les forces de l'ordre à l'issue d'un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers d'opposants dans un stade, interdit par la junte, avait constaté de son côté l'AFP.

D'autres journalistes ont affirmé avoir vu au moins 27 cadavres.

Deux anciens Premiers ministres guinéens, dirigeants de partis d'opposition, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, ont été blessés au cours de ces violences puis ont été arrêtés et conduits dans un camp militaire, a affirmé à l'AFP l'épouse de M. Diallo.

Sous couvert de l'anonymat, une source gouvernementale a confirmé leurs arrestations.

La foule de manifestants voulait manifester son opposition à une éventuelle candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à l'élection présidentielle de janvier en Guinée.

Cellou Dalein Diallo est candidat à l'élection présidentielle et leader de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UDFG).

Selon Mme Halimatou Diallo, les deux hommes avaient d'abord été évacués à la clinique Ambroise Paré où "des militaires sont venus les chercher. Ils les ont extraits de la clinique et les ont emmenés au camp Alpha Yaya Diallo", siège de la junte au pouvoir depuis décembre.

Auparavant, de nombreux tirs avaient été entendus dans l'enceinte du stade du 28-septembre où plusieurs dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées selon une estimation de l'AFP.

Ces violences interviennent au moment où la communauté internationale fait pression sur le chef des putschistes, au pouvoir depuis le coup d'Etat du 23 décembre 2008, au lendemain du décès de Lansana Conté, qui dirigeait le pays depuis 24 ans. Il est demandé au capitaine Dadis Camara de respecter ses engagements de ne pas se présenter à l'élection et de laisser le pouvoir aux civils.

La junte au pouvoir avait interdit dimanche ce grand rassemblement, pourtant maintenu par les organisateurs. Le ministre de l'Intérieur Frédéric Kolié avait déclaré à la télévision nationale: "toute manifestation sur le territoire national est interdite jusqu'à la fête nationale du 2 octobre".

Répression sanglante en Guinée

lefigaro.fr avec AFP, le 29/09/2009

Un rassemblement d'opposants dans un stade de Conakry a été dispersé dans le sang par les forces de l'ordre. Plusieurs dizaines de personnes, qui dénonçaient l'éventuelle candidature du chef de la junte à l'élection présidentielle de janvier, ont été tuées.

Un véritable «carnage», selon un médecin qui a accueilli les dépouilles de plusieurs victimes. Au moins 87 manifestants hostiles à la junte au pouvoir en Guinée ont été tuées par balles lundi, lors d'une sanglante répression exercée par les forces de l'ordre. C'est la première fois depuis son arrivée au pouvoir il y a neuf mois lors d'un coup d'État, que la junte militaire réprime dans le sang une manifestation d'opposants. Le rassemblement, interdit, a été maintenu par l'opposition.

Des dizaines de milliers de manifestants se sont donc rassemblés lundi dans le plus grand stade de Conakry pour s'opposer à l'éventuelle candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à l'élection présidentielle de janvier. Un peu plus tôt, les forces de l'ordre avaient déjà violemment dispersé les opposants à l'aide de matraques et de grenades lacrymogènes près du stade de la capitale, et arrêté des dizaines de personnes. Le stade de 25.000 places s'est ensuite empli d'une foule de manifestants, débordant jusque sur les pelouses et aux abords. Des tirs ont alors été entendus.

Ces violences interviennent au moment où la communauté internationale fait pression sur le chef des putschistes pour qu'il respecte ses engagements de ne pas se présenter à l'élection et de laisser le pouvoir aux civils.

«Volonté de dissimuler les corps des victimes»

Dans un entretien diffusé lundi soir par Radio France Internationale (RFI), le chef de la junte a déclaré attendre «qu'on [lui] donne les chiffres [des morts]». «C'est malheureux, c'est dramatique. Effectivement, il y a eu des morts, mais je n'ai pas encore les chiffres. Je suis là et j'attends qu'on me fasse le point de la situation. Très franchement parlant, je suis très désolé, très désolé», a-t-il ajouté.Après l'intervention des forces de sécurité, venues évacuer le stade, «il y a 87 corps qui ont été ramassés dans et autour du stade après le passage des militaires», a indiqué un responsable de la police sous couvert de l'anonymat. «En ce moment, il y a 47 corps au camp (militaire) Samory Touré (à Conakry), dont quatre femmes, qui seront enterrés dans la nuit», a précisé cette source.

D'après un membre de la Croix-Rouge, les dirigeants de l'armée ont demandé que les cadavres collectés soient apportés au siège de la junte et non dans les morgues. Pour cet humanitaire, il y a «une volonté de dissimuler les corps des victimes» de la répression. Dans un autre établissement sanitaire de Conakry, une source médicale avait auparavant assuré qu'un camion militaire était venu pour ramasser des «dizaines de corps», emmenés vers «une destination inconnue».

La France, par l'intermédiaire du secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie Alain Joyandet, a condamné «avec la plus grande fermeté» la «répression violente» exercée par l'armée guinéenne, et appelé les militaires à réaffirmer leur volonté de «rendre le pouvoir aux civils». Paris «consulte ses partenaires au sein de l'Union européenne et du Groupe international de contact sur la Guinée afin d'étudier les conséquences à tirer rapidement de ces événements».


 

 
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