Une manifestation de Coptes (chrétiens d'Égypte)  contre l'arrêt de la construction d'une église a tourné à l'affrontement avec  les policiers mercredi, faisant un mort et une quarantaine de blessés à  Talibiya, un quartier du sud-ouest du Caire.
          
          Environ la moitié des blessés seraient des forces  policières. Le procureur général Abdel Meguid Mahmoud a fait état de  133 personnes arrêtées. Le manifestant décédé est Makarios Gad Chokr, un  Copte de 19 ans, d'après les services de sécurité.
          
          Les manifestants envoyaient des pierres que les  policiers rejetaient contre les manifestants.  
          
          « Voyez, c'est notre gouvernement qui nous jette  des pierres, a dit à Reuters Samuel Ibrahim, au moment où les projectiles  fusaient de toutes parts. Tout cela à cause d'une église! »
          
          Des résidents musulmans ont aussi été vus jetant des  pierres et scandant des slogans hostiles aux Coptes.
          
          Les Coptes représentent de 6 à 10 % des 79 millions d'Égyptiens.  La majorité de la population est musulmane sunnite. Les Coptes sont également  la communauté chrétienne la plus nombreuse et une des plus anciennes de tout le  Moyen-Orient.
          
          Les autorités ont suspendu les travaux d'une nouvelle  église parce qu'elles avaient remis initialement un permis pour un centre  social. Elles plaident qu'on ne leur a pas présenté le même projet que celui  qui se construit, notamment à cause de l'apparition d'une coupole.
          
          « Quand nous avons remarqué que cela prenait la  tournure d'une église, nous avons fait stopper les travaux, car une église  requiert une autorisation différente », a affirmé à l'agence de presse  officielle Mena le gouverneur de Gizeh, Sayyed Abdel-Aziz.
          
          « Je suis totalement disposé à aider les  chrétiens à obtenir une autorisation pour une église, mais ils doivent cesser  de transformer ce bâtiment-là en église », a-t-il précisé.
        Décret présidentiel
          
          D'après Al-Jazira, en Égypte, les non-musulmans doivent obtenir un décret  présidentiel pour construire tout nouvel édifice religieux. Ils doivent  satisfaire de nombreuses conditions avant l'obtention du document.
          
          Cette procédure semble perçue comme une injustice par  certains Coptes. « Les gens du quartier se sentent victimes de  discrimination. Pourquoi nous empêchent-ils de bâtir une église? Chaque rue a  sa mosquée, et il y a une mosquée à côté de chaque église », s'est indigné  un manifestant, Samih Rachid.
          
          Les protestataires lançaient des slogans comme  « Avec notre sang, avec notre âme, nous sommes prêts à sacrifier nos vies  pour la croix » et « Nous la construirons [l'église], nous la  construirons! »
          
          L'agence Mena a estimé les manifestants à environ  3000.
          
          La situation s'est calmée en quelques heures, selon le  gouverneur de Gizeh.
          
          Ce n'est pas la première fois 
          
          D'autres heurts confessionnels ont eu lieu récemment.  Le 16 novembre, des musulmans ont mis le feu à des maisons appartenant à  une famille copte dont l'un des membres aurait flirté avec une musulmane.
          
          Un groupe irakien lié à Al-Qaïda a menacé la  communauté copte au début de novembre parce que deux chrétiennes converties à  l'islam auraient été séquestrées dans un monastère.
          
          En janvier, des hommes armés ont tué six Coptes à la  sortie d'une messe.
          
          D'après l'ONG Egyptian Initiative for Personal Rights,  l'Égypte a connu 53 incidents interreligieux en 2009. Leur nombre était de  24 en 2008.
        (Radio-canada.ca avec Agence France Presse, Reuters et Al-Jazeera)