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Au Xinjiang, la colère ouïghoure contre Pékin tourne à l’émeute

   
Libération, le 7 juillet 2009

Urumqi, la capitale de la Région autonome chinoise du Xinjiang, a été secouée dimanche par la plus violente émeute interethnique qu'ait connue depuis des années ce territoire vaste comme trois fois la France. Deux Chinois le visage en sang, un cadavre lacéré de coups de couteaux, des immeubles en feu, une poignée d'émeutiers ouïghours renversant et incendiant des voitures de police : les images que les habitants d'Urumqi ont pu poster sur Internet avant que tous les réseaux soient suspendus hier par les autorités en disent aussi long que le bilan officiel.

La police chinoise l'estime à «156 morts et 828 blessés» . Hier, la ville de trois millions d'habitants était pratiquement soumise à la loi martiale, et Pékin avait dépêché des troupes dans plusieurs villes. Ces émeutes, qui menacent de s'étendre à tout le Xinjiang, surviennent alors que les Chinois ont tous en mémoire les manifestations qui ont secoué Lhassa et d'autres villes du Tibet en mars 2008 . Hier soir, la police a dispersé «plus de 200 émeutiers» à Kashgar, indiquait l'agence Chine nouvelle.

Ségrégation. Dimanche, un millier de Ouïghours ont commencé à manifester en fin de soirée aux abords du grand bazar d'Urumqi, où règne une ségrégation de fait entre Ouïghours musulmans turcophones et Chinois de souche (lire ci-contre). Les Ouïghours réclamaient l'ouverture d'une enquête sur une rixe ethnique qui s'était soldée par la mort de deux Ouïghours, dix jours plus tôt, dans une usine de jouets de la province du Guangdong (sur la côte est, à 3 000 kilomètres du Xinjiang). Dans cette usine, les centaines d'ouvriers hans et ouïghours vivaient dans des dortoirs séparés. Une rumeur - qui s'est avérée fausse - selon laquelle des Ouïghours auraient violé en réunion une jeune ouvrière han a dégénéré en expédition punitive. Le 25 juin, en pleine nuit, des centaines de Hans ont pris d'assaut les dortoirs ouïghours, tabassant à coups de barres de fer. Hormis les deux Ouïghours tués, une centaine d'autres ont été blessés. La nouvelle s'est répandue via Internet.

Au Xinjiang - dont le nom signifie «nouvelle frontière» -, la colonisation des Hans (Chinois de souche, 40 % de la population du Xinjiang) et l'exploitation pétrolière à leur profit sont une source de tension permanente. Une étincelle peut embraser la situation. Celle-ci a suffi. Dimanche, à Urumqi, les manifestants, après avoir protesté pacifiquement, ont jeté des pierres sur la police chinoise qui, de son côté, tentait de s'emparer des «meneurs» .

Mobilisées, les forces de l'ordre auraient en fin de soirée ouvert le feu sur la foule, mais on ignorait hier encore dans quelles circonstances exactes cette offensive avait eu lieu. «Il y avait aussi plein de gaz lacrymogène dans l'air», racontait au New York Times Adam Grode, un enseignant d'anglais résidant à Urumqi. Selon lui, des blindés ont investi les rues autour de minuit, et des coups de feu retentissaient toujours dans l'obscurité.

Autorité. Le PC chinois, comme dans le cas du Tibet, voit dans ces camouflets cinglants à son autorité, la «main de l'étranger ». L'agence Chine nouvelle et le gouvernement ont désigné l'instigatrice : Rebiya Kadeer, une Ouïghoure exilée à Washington que l'ancien président Bush a rencontrée plusieurs fois. Députée à l'Assemblée nationale populaire dans sa jeunesse, cette femme d'affaires s'était ensuite élevée contre la mainmise chinoise. Après avoir purgé cinq ans de prison, elle a été libérée à condition de s'exiler. Elle dit aujourd'hui militer pour le respect des droits de l'homme au Xinjiang.