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Des familles séropositives expulsées au Cambodge

  AP, le 18 juin 2009

Les autorités cambodgiennes ont expulsé jeudi de leurs logements à Phnom Penh 20 familles contaminées par le virus du SIDA, les obligeant à s'installer dans une localité de banlieue. Une mesure dénoncée par des défenseurs des droits de l'Homme.

Un bras de fer de plusieurs mois a opposé les autorités aux familles, qui seront privées des services essentiels, de moyens de subsistance et n'auront plus accès à des traitements médicaux dans leur nouveau lieu de résidence.

Des organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent une mesure discriminatoire. Amnesty International souligne que les logements du nouveau site, situé à Tuol Sambo, à 20 kilomètres de Phnom Penh, sont fabriqués avec un revêtement en métal vert distinctif que les habitants locaux appellent le "village du SIDA".

"Il est tragique que le gouvernement ait choisi de créer une colonie du SIDA où les gens seront confrontés à une grande stigmatisation et à la discrimination", déplore dans un communiqué Naly Pilorge, directrice de la Ligue cambodgienne pour la promotion et la défense des droits humains. Elle souligne que le nouveau site n'offre pas d'accès à une eau potable sûre ni à l'électricité, et qu'il n'y a pas non plus de services médicaux adaptés.

Les autorités justifient les expulsions dans le quartier de Borei Keila, à Phnom Penh, en expliquant que les familles étaient installées illégalement sur des terrains publics, où le gouvernement veut construire de nouveaux bureaux pour le ministère du Tourisme.

Les expulsions se sont déroulées jeudi, sans recours à la force, après une semaine de négociations. Sok Srey Nath, une habitante de 45 ans, a raconté qu'elle, son mari et deux de leurs enfants étaient infectés par le VIH et qu'ils s'étaient résolus à partir car ils n'étaient pas en mesure de batailler contre les autorités.

"Je n'ai pas le choix. Si je ne pars pas, je perdrai ma propriété et l'offre de nouveau terrain des autorités", explique cette mère de cinq enfants. "Je n'ai vraiment pas envie de quitter mon actuelle maison car elle est située" près d'un marché et d'un centre de santé, et "il est facile ici pour moi et ma famille de gagner de l'argent", précise-t-elle.

Des habitants non infectés par le virus du SIDA ont également été expulsés de Borei Keila, mais certains ont été relogés dans des appartements. Les 20 familles expulsées jeudi ne se sont pas vu proposer une telle possibilité.

Amnesty International précise que les familles perdront leurs moyens de subsistance car la plupart travaillaient comme éboueurs ou porteurs à Phnom Penh. L'ONG précise que 23.000 Cambodgiens, la plupart vivant dans la pauvreté, ont été expulsés de chez eux l'an dernier et que 150.000 autres pourraient subir le même sort en raison de litiges fonciers, de confiscations de terres et de projets immobiliers.

Selon une estimation de l'ONU de l'an dernier, quelque 75.000 Cambodgiens vivent avec le virus du SIDA, contre 120.000 en 2002, et la prévalence de la maladie a chuté au cours de la même période dans le pays passant de 1,4% à 0,8%. Seule la Thaïlande voisine a un taux plus élevé en Asie du Sud-Est, avec 1,4%.
   


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